Ravenna se rappelait le jour où elle était pour la première fois sortie du Royaume de Criméa. Sa tante Eleonora avait décidé de sortir des terres de Criméa afin de former sa jeune nièce à son futur métier auprès d’autres personnes : les mages. A l’annonce d’une excursion en-dehors de Criméa, Ravenna s’était réjouie à l’idée de rencontrer des Laguz, créatures qui l’intéressaient particulièrement de par leur « aspect » si différent des Beorc auxquels elle appartient. Eleonora l’avait cependant directement conduit au Palais Royal et la formation qu’elle lui dispensa là-bas, lui présenta les mages qu’elle connaissait, leurs coutumes et façons de vivre, avait été des plus ennuyantes et c’est très déçue de son premier séjour à l’extérieur de Criméa qu’elle y rentra. Sa tante avait bien vu l’immense déception sur le visage de la jeune fille ; aussi elle lui dit :

Ne sois pas déçue Ravenna. Tu sais, les chances de croiser un Laguz à Daien étaient plus que minimes… Daien est un Royaume Beorc ; si tu espères un jour rencontrer un Laguz, il te faudra aller plus loin, à Gallia ou Goldoa par exemple. Mais si tu envisages de devenir un jour Mage, il me fallait t’emmener à Daien.

Ravenna médita ses paroles même si la déception restait ancrée malgré tout dans son cœur.

***

Ravenna marchait de son pas léger en direction de la Zone Marchande, car il lui fallait des onguents et certains ustensiles qu’elle ne pouvait trouver qu’en ce lieu. Son bâton d’ébène à la main, elle s’en servait pour marquer la cadence de ses pas et le chérissait plus que tout, car il était à présent la dernière chose qui la rattachait à sa famille. Bientôt, elle arriva près de la Rivière, cet endroit si magnifique qui lui avait déjà tant plu lors de son dernier voyage avec sa tante. Elle s’y arrêta, s’assit sur un rocher près du lit de la Rivière, et sortit de son sac deux morceaux de pain de voyage et sa gourde d’eau. Elle la vida avant d’aller la remplir d’eau fraîche puis revint s’asseoir pour terminer son maigre repas lorsque son regard fut attiré par une chose en mouvement sur sa droite. Tournant légèrement la tête vers la droite, elle vit une étrange personne.

Ses cheveux avaient une couleur qu’elle n’avait encore jamais pu voir sur un Beorc et leur couleur bleu foncée contrastait énormément avec sa peau blanche comme la neige. Se rappelant soudain des conseils de sa tante sur ce lieu (« Sois toujours sur tes gardes à la Rivière. Les brigands y rôdent sans cesse »), Ravenna se leva, prit son bâton et le plaça devant elle, comme s’il s’était agit d’un bouclier. Puis elle parla d’une voix claire mais forte pour se faire entendre de ce nouveau venu intriguant :

Etranger, je vous salue ! Puis-je savoir à qui ai-je à faire ?

Son cœur fit un bon dans sa poitrine lorsqu’elle vit les yeux de cette femme, d’un rouge sang à faire pâlir les morts ! Plus que jamais, Ravenna était sur ses gardes.